Je regardais la photo couverture de mon précédent article "Comment prendre de meilleures photos de CrossFit" et j'ai réalisé quelque chose de vraiment intéressant. Cette image était en fait un de mes premiers portraits de photographie sportive. Elle avait été prise avec le boîtier que j'avais à mes touts débuts: un Nikon D5000 usagé. Et même si j'ai pris des milliers de très belles photos avec de équipement plus récent depuis, j'aime toujours autant cette image. Ça m'a fait penser à une métaphore sympathique: photographier des poids lourds avec un équipement poids plume.
J'ai commencé ma carrière de photographie sans argent et sans connaissance technique. J'avais seulement du temps, j'étais curieuse et j'aimais apprendre. J'ai acheté un Nikon D5000 d'occasion sur Kijiji. Cet appareil avait déjà 7 ans lorsque je l'ai acheté en 2016 (pour vous donner une idée de la technologie du boîtier)! Il venait avec un objectif Tamron 17-50mm f/2.8. J'ai payé aux alentours de 400$ pour cet équipement de seconde main - ce qui représentait toutes mes économies. C'était un GROS investissement pour moi.
J'ai ensuite pris des cours débutants pour apprendre les bases et surtout pour apprendre à utiliser le mode manuel. Je me suis pratiquée. BEAUCOUP. Quelques mois plus tard, j'ai décidé d'acheter deux autres objectifs : un Nikkor 50mm f/1.8 et un Nikkor 55-200 mm f/4-5.6. J'ai fait des recherches en fonction de mes besoins et de mon budget et je savais que je les utiliserais régulièrement. J'avais besoin d'un téléobjectif et j'avais également besoin d'un objectif rapide et abordable. J'ai appris très vite que dans les salles de sport: plus l'ouverture est grande, plus ça me donnait de chances pour faire de belles photos.
Nous avons tous connu des gens qui débutaient en photographie, investissaient des milliers de dollars dans le boîtier dernier cri et pourtant n'étaient capables que d'utiliser le mode automatique. Posséder du matériel de haute qualité est une partie de l'équation... Mais quand on ne sait pas comment l'utiliser, à quoi bon? Avoir un appareil photo d'une valeur de 10 000$ ne fera pas de quelqu'un un meilleur photographe par magie.
Vous avez déjà la possibilité de réaliser de superbes images, quel que soit le contenu de votre sac. J'avais l'habitude d'être gênée lorsque je photographiais à des évènements avec mon équipement "poids plume" et que la personne à côté de moi avait un équipement "poids lourd". Je pensais avoir l'air d'un amateur avec mon appareil APS-C ma 55-200mm en plastique alors qu'elle avait un 70-200mm f/2.8 tout neuf dans ses mains. Pourtant, quand je voyais leurs images, il m'arrivait souvent de me dire "Hé, les miennes ne sont pas si mal après tout". Comme mon ami Levi Sim, collègue de Photofocus, m'a déjà dit : "Le meilleur équipement, c'est celui que tu possèdes". Une autre manière de dire que ce n'est pas l'équipement qui fait pas le photographe.
J'ai donc décidé d'acheter la 50mm f/1.8. J'ai pris toutes mes photos avec. Parce que j'aimais ça, oui... Mais aussi parce que je n'avais pas le choix. C'était le seul objectif que je possédais qui était assez lumineux pour me permettre de photographier ce que je voulais. Bien sûr, parfois j'aurais aimé avoir un 20mm ou un 200mm mais je n'avais pas encore les moyens de m'offrir ces objectifs professionnels. J'ai appris à tirer le meilleur parti de mon objectif poids plume.
Vous savez le plus intéressant dans cette histoire? Deux ans et deux nouveaux objectifs plus tard, le 50mm demeure encore mon objectif préféré. Je l'utilise pour 85% de mes prises de vue. Pourquoi réparer quelque chose qui n'est pas cassé? Cet objectif a fait des centaines de belles images et m'en donnera des centaines d'autres! Il faut éviter de se laisser prendre dans la folie de la surconsommation. Acheter du matériel de bonne qualité dont on a vraiment besoin et l'utiliser au maximum, c'est une manière intelligente de le rentabiliser. L'achat de ce 50mm est sans doute le meilleur que j'ai fait dans ma carrière. Il m'a coûté 200$. Je me suis fait des milliers de dollars en travaillant avec. Je ne suis pas vraiment bonne en maths, mais je crois qu'il s'agit d'un assez bon retour sur investissement.
Il faut arrêter de penser qu'on aura nécessairement de meilleures photos quand on achète du nouvel équipement. L'équipement n'est pas la clé: c'est la pratique l'est. Pensons à tous ces grands photographes qui nous inspirent: combien de photos ont-ils pris dans leurs vies? Des centaines de milliers? DES MILLIONS?! C'est pour ça qu'ils sont devenus meilleurs que tous les autres! Donnez-leur un appareil photo pour enfant et ils continueront à produire des images étonnantes, peu importe ce qu'ils ont entre les mains.
C'est vrai. Ce serait difficile de prendre des photos sans appareil photo. Mais il serait encore plus difficile d'obtenir quoi que ce soit sans l'élément le plus important de tous: notre tête! Notre imagination, notre vision, nos émotions: c'est ÇA qui fait des belles photos!
Avez-vous déjà entendu l'histoire du cuisinier? Un homme est invité chez son ami cuisinier pour manger un gâteau. Il lui dit alors: "Ce gâteau est délicieux! Tu dois avoir un four incroyable!". Évidemment, cette réflexion est absurde (et plutôt vexante) car nous savons tous que le four n'a rien à voir avec le goût du gâteau! Mais quand on y réfléchit bien... en quoi serait-ce différent pour les photographes?
Il n'y a pas moyen magique pour apprendre à faire de la bonne photographie - peu importe le poids de son équipement. Pratique, pratique, pratique! Tout comme le cuisinier, il suffit de continuer à faire cuire des gâteaux encore et encore jusqu'à en connaître par coeur chaque ingrédient. Qu'il s'agisse de petits moules poids plume à cupcakes ou gros moules poids lourds en acier à gâteaux, l'important, c'est de trouver la recette qui nous plaît!
Article original publié en anglais sur photofocus.com
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