Comment réussir en tant que fille dans une industrie de gars? Oubliez les idées préconçues. Si c’est un monde d’hommes, c’est également une terre de femmes.
J’ai reçu plusieurs demandes pour écrire des textes à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Chaque fois, c’est pour partager mon expérience d’un point de vue de photographe (domaine très masculin) spécialisée dans le sport (niche qui l’est encore davantage). Je ne sais pas trop à quoi il s’attendent. Que je leur dise que c’est terrifiant? Ou un exploit? Que ma vie de femme est misérable depuis que j’ai osé aller jouer sur le terrain des gars? Non. Même que j’affirme le contraire.
Photo par Maxime Mortier, un homme avec qui j’ai partagé des connaissances en photographie.
Ça va peut-être en surprendre quelques-uns. Mais non, je n’ai jamais eu de problème dans mon travail. Pas une fois. Je me considère égale à toutes les personnes que je croise, hommes et femmes confondus. Il n’y a pas de différence pour moi. En fait, j’aime vraiment beaucoup collaborer avec les gars. Ils sont énergiques, logiques, confiants, ils ont de la « drive » et sont dévoués à la tâche. Et, au risque de créer une onde de choc (attention attachez bien votre ceinture): la majorité de ces hommes n’ont absolument aucun problème à travailler avec des femmes. Je sais… difficile à croire!
Photo par Josée De La Chevrotière, une athlète femme forte qui s’épanouit également dans un milieu d’hommes.
Je trouve qu’être une fille dans un monde de gars est somme toute très intéressant pour plusieurs raisons…
Certaines techniques d’approche féminines peuvent parfois sourire les hommes. (Photo prise par Julien Carignan, mon bras droit/support moral au Championnat du monde Maîtres d’haltérophilie.)
Il faut un peu s’en attendre quand on sort du lot. Certains sont sceptiques quant à nos compétences ou nos connaissances. D’autres sont amusés par notre présence. Peu importe le genre de réaction, elles mènent souvent à une opportunité de connexion. C’est très facile pour moi d’aborder un Strongman de 300lbs… parce que je sais pertinemment qu’il ne se sent pas menacé. (Malgré tous mes efforts aux biceps curls.)
Une femme peut facilement passer pour une petite souris lorsqu’elle est entourée d’hommes forts.
La manière de discuter d’une femme, les sujets abordés, le côté intuitif et la compassion sont des éléments qui m’ont beaucoup servit dans mes relations professionnelles. Ils m’aident à établir de bonnes bases pour comprendre les besoins de mes clients et les états d’âme des athlètes. Je crois que certaines personnes se sont ouvertes davantage à moi grâce à mon écoute. Je suis persuadée que la qualité de ces relations se reflètent proportionnellement dans celle de mon travail.
Une femme – et son coton ouaté – dans un monde d’hommes (forts).
Par la nature de nos cerveaux, une femme voit et pense différemment d’un homme. Elle perçoit une scène et l’interprète d’une manière unique, souvent avec plus d’émotions. Je crois que c’est précisément grâce à cette créativité féminine si mes images réussissent à toucher les gens.
Deux hommes (Jacques Boissinot derrière la caméra, Daniel Mallard devant) taquinent une pauvre petite femme de 5’4 durant son stage d’observation.
J’ai peut-être été chanceuse. Peut-être que je suis LA SEULE FEMME DU MONDE ENTIER qui n’a aucun problème avec le fait de travailler principalement avec des hommes. Peut-être est-ce à cause de mon âge, ma nationalité, mon pays, mon domaine…
Ou peut-être, PEUT-ÊTRE, que je suis une des nombreuses femmes qui souhaite tenir un discours différent. Qui souhaite montrer que ce genre de situation peut être stimulante et bénéfique.
Sur le terrain accompagnée de mon petit-homme préféré – filleul Samuel.
La photographie de sport est peut-être un monde d’hommes mais c’est également une terre de femmes. Être une fille entourée de gars, c’est une opportunité. C’est l’opportunité de se distinguer, grandir et apprendre des autres.
Discussion enrichissante avec le photographe Mike Hagen lors d’un stage. Photo par Richie Acevedo.
Depuis les dernières années, j’ai des mentors et j’en suis une pour d’autres. Je travaille avec des athlètes, des coachs, des photographes, des entrepreneurs, des collaborateurs – tous pour la plupart masculins. Chacun donne son 100% dans la réalisation de ses objectifs. Le sexe ne fait aucune différence.
Je vais vous dire ce qui fait la différence: c’est de savoir qu’il n’y en a pas.
Photo par Mathieu Morissette, un homme avec qui j’ai collaboré dans divers projets.
Quand vous vous respectez et respectez les autres, quand vous avez un but, êtes professionnel(le)s, enthousiaste et passionné(e)s, les gens (de tous sexes confondus) le voit et vous respectent en retour. Mieux encore, ils cherchent souvent à vous aider.
Oui, la photographie est un monde d’hommes. Et je prends grand plaisir à évoluer à leurs côtés.